Doutes prépaphysiques pas de Descartes
Et oui! Je la voulais cette vie d'indépendance!
Et bien sachez que l'indépendance consiste en fait pour l'instant plutôt en une aliénation à l'indépendance.
Toute ces contraintes qu'il ne tient plus qu'à vous d'effectuer. Pas envie? Dans ce cas, personne d'autre ne le fera à votre place et vous serait bien obligé de le faire tôt ou tard, quand tous les retards pris se retournerons sur vous.
Ce n'est pas encore une prison que j'habite, ni même une cage de verre. Je suis libre!
Je devrais être contente, moi qui ai tant besoin de me sentir pousser ces ailes. Mais en l'occurence, j'ai la liberté de m'enfermer dans l'entretien d'un appartement et des cours de prépa BL sur lesquels je n'arrive plus à me fixer.
La liberté... C'est aussi celle de faire le choix, maintenant!
Choisir de partir à l'université ou terminer l'année ?
Il ne reste plus que 4 fois les deux mois parcourus pour arriver à la fin de l'année après tout.
C'est encore 8 mois ou 16 semaines. ça parait si peu quand on pose les chiffres ainsi. Mais dans la réalité...
On se dit en entrant en prépa que ce ne sont que deux années à sacrifier dans toute une vie. Deux année qui nous permettront, par le travail, d'arriver à produire le maximum de ce que l'on est capable. Comme on sera content ensuite de voir le chemin parcouru! Mais un sacrifice pour quoi si ce que l'on veut n'est pas être en haut du panier ou en tout cas pas de cette façon-là?
Si ces deux années éteignent la flamme qui nous animait, qu'y a-t-on gagné, à part peut-être(et encore rien est sûr de nos jours) une formation nous assurant une place, une réussite.
Mais c'est quoi la réussite? Et si nous y avons perdu notre âme, qui en profitera?
C'est ça l'indépendance! Je suis responsable à 100% de mes choix.
Les camarades de classe pour soutenir? Oui. Mais ils ont l'air si forts pour beaucoup. Ou alors si loin.
Je sais que ce n'est qu'une impression. Mais il parait que l'important n'est pas forcément la vérité(et encore y en a-t-il une?) mais ce que l'on ressent.
Et bien je ressent que je suis différente, que je ne sais pas prendre sur moi comme eux.
Non! J'ai besoin de m'exprimer! De sentir que je peux compter sur des gens. D'exister!
Pas de me sentir transparente parce qu'on ne m'attends pas, comme si je n'étais pas là.
C'est ça la vie pourtant? On est tout seul au fond parce qu'on est unique et donc que personne ne peut être toujours là, rien que pour nous montrer qu'il nous comprend. Qu'on est pas inférieur mais juste différent.
ça commençait bien pourtant: je restais le clown étrange de l'année dernière.
Mais je n'ai pas assez de souffle pour continuer. Alors je suis devenue la timide à l'air triste.
Quand je fait un effort pour m'exprimer, on me regarde souvent comme si je racontais n'importe quoi. Comme si on se demander d'où je sortais de telles idées. A la rentrée, je persévérais, faisant rire, mais là, je deviens juste muette.
Je suis un peu ingrate quand même: il y a deux personnes que je suis contente d'avoir rencontrées. L'une d'elle a été la première à m'entendre, à entendre ce que j'exprimais, ce que j'étais. Elle ne le sais pas(et peut-être ne vaut-il mieux pas d'ailleurs), mais elle m'a sauvée en reconnaissant mon existence. De quoi donc?
Comment dire? Si ça n'en était pas, je me sentais sombrer dangereusement dans une sorte de folie.
Elle raconte n'importe quoi me direz-vous?
Je sais juste que deux semaines après le rentrée, je ressentais une mélancolie profonde. Et pourtant, inexplicablement, je continuais, en dehors des cours, à tourner en rond pour régler les affaires de l'appartement et autres choses. Je n'avais plus le goût à rien. Plus envie d'écrire même. Aucune attirance pour les étales des magasins: juste du dégoût. Comme cette après-midi où nous nous étions retrouvées avec le flyingcat et l'une de ses "collocataires". Elles regardaient les vêtements, essayaient et moi je restais plantée au milieu du magasin sans aucune envie d'essayer quoi que ce soit. Juste de l'indifférence.
Rien d'apparent à part ce mutisme et cet air quelque peu zombitique.
Journée de cours éclair. Pas le temps de communiquer avec des gens. Inutile. Et comment?
Mais ces midis ou je suis rentrée et surtout ce week-end!
J'étais comme engourdie d'un sentiment d'irréalité. Si seule...
Et vous savez quoi? J'ai vu ma mère qui venait me rendre visite! C'est mon imagination qui a crée son image vu qu'elle est morte bien sûr. En entrant, elle m'a donné son avis sur l'appartement . Et puis, elle s'est assise sur la chaise juste en face de moi sans plus rien dire. Elle me regardait juste, comme pour m'encourager de sa présence. Les cristaux continuaient pourtant de perler sur mes joues.
Puis elle a disparu, laissant la place au pinkrabbit je ne sais pourquoi. Peut-être par transposition, peut-être parce que ça doit être l'être qui compte le plus pour moi ensuite-je peux même mettre ça puisqu'aucune des personnes concernées de près ou de loin voire même personne ne prendre le temps de lire cet article-. Une autre fois, je n'étais plus Delphine, j'étais l'héroïne d'un film racontant l'année d'une fille(moi en fait) en prépa. Je trouvais que ça faisait un bon sujet, tout en m'étouffant encore de larmes, alors j'ai essayé de retenir l'atmosphère si particulière de ces instants. Et c'est bien ça qui m'a fait tenir: l'idée que plus je souffrais, plus il y aurait finalement matière à créer, qu'il s'agisse d'une création littéraire ou cinématographique. Le reste du temps, quand je n'étais pas en train de m'abrutir à mes devoirs, je me parlais. Le problème est que je ne sais pas si je prononçait effectivement des sons ou si ce que j'entendais n'était que ma voix dans ma tête. Je crois que c'est plutôt ce dernier cas mais au fond, de mon point de vue, ça revenait au même. Mais nous ne philosophions pas.Non! Je jouais la comédie! Devant la glace, c'était encore mieux! Je faisais à la fois l'actrice et le public. Mais en fait, le fait de me voir me servait plus de moyen de me metre encore plus dans la peau de personnage qui apparaissait de lui même sous mes yeux que de moyen de juger de la vraisemblance du jeu. Je ne voulais pas jouer. Je le faisais automatiquement. Je ne jouais pas les personnages: je les vivais.
C'st extraordinaire non de pouvoir se faire rire tout seul, juste en se regardant dans une glace. Rire glaçant de celle qui rira cette fois-ci au lieu de pleurer, pour changer.
Puis, elle m'a vue...
Plus qu'un jour de vacances. Je devais lire "Horace" et ce livre de philosophie sur la justice. Réviser les maths et l'ses. Faire les fiches d'histoire. Préparer ma colle d'anglais.
Faire le writing du Cambridge Advanced English. Etc. Etc.
Mais depuis que je suis rentrée il y a 3 jours et demi, je n'ai fait qu'errer, redoutant la rentré au point de ne plus pouvoir dormir. Mon après-midi s'est passée sur l'ordi, à essayer de repérer un peu les logements sur Paris puis à m'informer des études de lettres existant à l'université. Si je ne change pas d'avis d'ici-là, j'irais bien en lettres modernes appliquées à la Sorbonne, c'est-à-dire Paris IV.
Mais je ne veux pas abandonner maintenant. Ce serait trop facile. Et puis, il y a encore des choses que je pourrais découvrir cette année. Je ne parle pas de connaissances ni de méthode de travail là(même si c'est vrai que ça devrait m'exercer à réfléchir et écrire), mais d'élargissement de mes émotions ou sentiments. J'en ai déjà expérimentés dont je n'aurait pas soupçonné l'existence avant.
C'est ça! Un panel d'émotions encore plus large! Donc plus de variétés dans l'expression! Dans les personnages!
Mais vais-je m'arrêter avant qu'il ne soit trop tard et que cette vague de nouveautés toujours plus fortes m'ait emportée, ne laissant plus qu'une autre, résidu de la première qui se construira sur ses cendres? Dès lors, elle s'éloignera du feu pour se mettre en sécurité et finira par mourir, inconnue disparaissant sans rien avoir créé. Elle n'y pensera même pas...